Quel est l’enjeu pour vous de cette table ronde sur les 170 ans de l’art asilaire ?
Il n’était pas envisageable d’exposer des œuvres comme on le fait dans les galeries, cela ne correspond ni à notre démarche ni à notre statut.
Ce qui m’intéresse est de créer un lien avec la foire en permettant au public de découvrir notre exposition, mais aussi de présenter notre vision de la création lors de cette table ronde et d’échanger avec Thomas Röske en particulier, le directeur de la collection Prinzhorn à Heidelberg. Lui-même est historien de l’art et non psychiatre, il n’a donc pas la même inscription dans l’histoire de la psychiatrie. Mais néanmoins, lui comme moi sommes responsables de collections hospitalières.
Lors de cette rencontre, je souhaite traiter justement de ces liens entre l’histoire de la psychiatrie et l’histoire de l’art, en laissant la notion d’art brut de côté, très volontairement, car je trouve que cela brouille les cartes.
Essayez-vous de donner un nouveau cadre à cette définition ?
Oui et non. L’année dernière, nos deux expositions historiques réunissaient une sélection des œuvres les plus anciennes de la collection Sainte-Anne pour montrer qu’une collection institutionnelle d’art pouvait refléter des styles et des provenances extrêmement différents.
Lorsque nous abordons les années 1950, les appellations et les concepts se multiplient : il y a eu d’abord «l’art des fous» avec André Breton et les psychiatres du début du XXe siècle, puis émergent ces concepts d’«art brut» et d’«art psychopathologique». J’insiste : les deux sont des concepts et ne sont en aucun cas des catégories artistiques, mais tous ces termes ont été très mélangés. C’est ce que je traite dans le catalogue de notre dernière exposition «De l’art des fous à l’art psychopathologique. La collection Sainte-Anne et après ?» : comprendre ce que veulent dire ces mots et essayer d’éclairer la confusion des genres à partir de données historiques précises et non à partir de débats passionnés.
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